mardi 7 août 2012

La remontée du Rhône - de Port Camargue à Valence

Lundi 9 avril
8h, comme prévu le vent est tombé dans la nuit, il fait grand beau temps. Je démarre le Yanmar pour qu'il chauffe tranquillement. On range tout ce qui traîne et c'est parti.
Etant donné notre tirant d'eau nous ne pouvons pas passer par Aigues-Mortes pour rejoindre le "canal du Rhône à Sète", nous sommes obligés de faire un détour jusqu’à Frontignan.
On quitte Port Camargue direction Frontignan
Tout se passe bien, le moteur ronronne tranquillement. Je suis un peu stressé, il faut que le moteur continue de ronronner tranquillement jusqu'à Lyon. Dur d'avoir confiance dans le moteur d'un bateau que l'on vient d'acheter, et dont on ne connait pas l'historique.
Arrivés à Frontignan, on met le clignotant à droite, et c'est parti pour le "canal du Rhône à Sète". En gros c'est un canal creusé au milieu des étangs salins qui bordent la côte. On croise ou on se fait doubler par des pénichettes de location. Heureusement on ne rencontre pas de gros bateaux de commerce, car le canal n'est pas très large, et avec nos 1m75 de tirant d'eau je n'ose pas trop serrer la berge.
Sur le canal du Rhône à Sète
Le trajet se poursuit tranquillement, lorsque la nuit tombe nous ne sommes plus très loin de Saint-Gilles. Nous cherchons un petit coin où se poser pour passer la nuit. On finit par se mettre à couple d'un gros voilier en acier, qui semble en cours de construction. Nous avons eu le bruit du moteur toute la journée, et nous aurons le bruit des pétards à oiseaux toute la nuit !

Mardi 10 avril.
Il fait gris...la météo annonce de fortes rafales de vent du sud dans la vallée du Rhône, que l'on devrait rejoindre dans l'après midi.
Après quelques kilomètres sur le canal (en fluvial on n'exprime pas les distances en milles, mais en kilomètres), nous arrivons à l'écluse de Saint-Gilles. C'est la première fois que nous allons passer une écluse. Nous enfilons les gilets (obligatoire dans une écluse). Je n'ai pas le canal VHF de l'écluse dans le livre sur le Rhône, et je ne vois pas de panneau à l'entrée de l'écluse, pas grave le feu est vert, on entre dans le sas. L'éclusier super sympa vient nous voir et papote 5 minutes avant de nous écluser.
L'écluse de Saint-Gilles
On attaque maintenant le "Petit Rhône", un bras du Rhône qui va d'Arles jusqu'aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Il y a un peu plus de courant et le vent du sud commence à souffler en grosses bourrasques accompagné de gouttes éparses. La surface de l'eau est recouverte par endroit du pollen cotonneux des peupliers, je surveille régulièrement le rejet d'eau de refroidissement à l'échappement car j'ai peur que ce pollen bouche la prise d'eau du moteur. Il n'en sera rien.
Vers 14h nous arrivons enfin sur le Rhône. Le vent est bien monté dans les tours (rafales à 40 noeuds), il souffle contre le courant ce qui lève un clapot court et creux. Sans voile pour nous appuyer, nous bouchonnons. Le courant est assez fort, je suis obligé de pousser un peu plus le moteur si on ne veut pas faire du surplace.

Depuis que j'ai augmenté le régime, il y a un bruit de toc toc assez inquiétant. On dirait quelque chose qui cogne sur la coque. Je fouille dans le coffre de cockpit pour voir si les vibrations du moteur ne feraient pas taper quelque chose contre la coque...Mais j'ai beau fouiller, et changer les choses de places, le bruit est toujours présent, il semble provenir de sous la coque...J'imagine tous les scénaris : l'arbre d'hélice qui tape contre la coque à la sortie du tube d'étambeau, ou bien l'absence de bague hydrolube qui ferait taper l'arbre contre la chaise d'arbre..ou encore l'hélice qui tape contre la coque..pas le choix il faut continuer, on ne va pas s'arrêter en plein milieu du Rhône. Une heure plus tard le vent s'est calmé, et le toc toc sous la coque est toujours là...c'est angoissant.
Vers 21h nous arrivons a l'écluse d'Avignon, toujours avec notre toc toc... Ça suffit pour aujourd'hui, la pluie et le toc toc m'ont démoralisé, le repas préparé par valérie est vite avalé et au dodo. On passe une nuit tranquille au ponton d'attente de l'écluse.

Mercredi 11 avril
L'idée de continuer la remontée avec ce bruit de toc..toc sans connaitre son origine m'inquiète. Je scotch la caméra étanche au bout de la gaffe, et j'envois tout ça inspecter l'arbre d'hélice, et la chaise. En visionnant le film rien d'anormal, l'hélice ne touche pas la coque, l'arbre ne touche pas le tube d'étambeau, et la bague hydrolube est bien en place. Du coup je ne sais toujours pas d'ou vient mon Toc..Toc :(
En prévision de ce genre de désagrément j'ai embarqué mon masque et mon tuba. Après un peu d'auto-persuasion sur le fait que l'eau ne doit pas être si froide, me voila a barboter dans le Rhône pour inspecter tout ça de plus près. Il s'avère que c'est la chaise d'arbre d'hélice qui a du jeu et fait Toc..Toc dans la coque. Je ne peux rien y faire pour l'instant, il faudra que ça reste comme ça jusqu’à Lyon.

Kiss devant l'écluse d'Avignon
Le ciel est bleu, le soleil brille, et je sais d'ou vient mon Toc..Toc, le moral est bon et c'est parti pour une journée de moteur, et de Toc..Toc !
La remontée suit sont cours lentement mais surement, on enchaîne les écluses, et Val est de plus en plus forte au lasso pour attraper les bollards.
Après 5 kilomètres de canal ou le courant est très fort, et donc ou on avance doucement, très doucement, on arrive a l'écluse de Bollène. Avec 23m de montée c'est la plus haute de France et une des plus hautes d'Europe.
rail de guidage des bollards
Ecluse de bollène

 Après ce saut de 23m, notre lente remontée se poursuit, vers 21h on arrive a l'écluse de Chateauneuf, ou on passe la nuit en compagnie d'un petit bateau moteur qui descend de Mâcon jusqu’à Sète.

Jeudi 12 avril
Si mes calculs sont bons, on devrait être à Valence ce soir. Valérie a appelé le port de l'Epervière, ils ont de la place pour garder notre bateau 1 mois. On a donc changé nos plans : la remontée prend plus de temps que prévu, on est invité sur Lyon samedi soir, et la météo annonce de fort vent du Nord à partir de vendredi après midi. On a donc décidé de faire une pause dans la remontée à Valence, et on retournera chercher le bateau fin Avril pour finir de le ramener jusqu’à Lyon.
La journée se passe sans encombre, en cours d'après midi le ciel commence à se charger, et on arrive à Valence poursuivis par un orage.
l'orage nous poursuit
En fin d'après midi Kiss est amarré au quai d'accueil du port de l'Epervière. On profite d'une bonne douche chaude, et on se fait une soirée crêpes!

Le lendemain c'est rangement, détente. Guy, que je connais du site Edelvoilier a son first 235 à Valence, il nous rend une petite visite en famille. En fin de journée mon père vient gentiment nous chercher avec tout notre bazard, pour nous rapatrier sur Lyon. Le lendemain matin, réveil à 5h, je prends le train pour aller récupérer la voiture qui m'attend à Lunel, chez le vendeur.

Dans le prochain message une vidéo de l'éclusage a Bollène.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire